Un Héros ?Le soleil se couchait sur l’horizon et le vent de la mer remplissait ses poumons d’air iodé. Le petit garçon ne devait pas avoir plus de six ans. Il se tenait là, tout au bout d’un ponton en pierre, les bras écartés prêt à s’envoler vers sa liberté. C’était un charmant minois entouré d’une touffe de cheveux dorés. Pourtant, Ayden n’avait rien pour plaire. Petit et chétif, on pensait souvent qu’il avait trois ans.
Il rêvait. Il faisait souvent cela de rêver de son père absent depuis sa naissance. Son père serait mort en mer à cause d’une grosse tempête. D’autres laissaient penser que c’était la faute aux Fer-Nés. D’autres rumeurs laisseraient même croire que ce père aurait violé sa mère. Peu importe, Ayden savait au moins une chose : il était sans père avec une mère qui le détestait.
- Ayden ! Ayden ! Tu viens ici tout de suite !
Il ne se retourna même pas sachant parfaitement ce qui allait suivre. Sa mère devait avoir été très belle, mais elle est moche aux yeux du garçon. Une femme qui a trop pleuré sa dure vie. On vivait, pour tout dire, difficilement du commerce de poisson rapporté d’autres pêcheurs. Puis, elle le frappa. Il perdit l’équilibre et tomba au sol. D’une main brusque et désagréable, elle le remit debout.
- Qu’est-ce que tu fais encore ici ? Ah ! Parfois, je me dis que la vie serait plus facile sans toi !
- Alors pourquoi vous ne vous débarrassez pas de moi mère ?
Répondit-il d’un ton colérique qu’il en avait l’air tragique. Sa mère l’observa d’un air mauvais et le prit violemment par la main le faisant tanguer sur ses jambes tellement le coup fut brusque.
Et voici une autre journée se terminant pour Ayden à Port Lannis. Il n’avait jamais voulu naître. Il n’avait jamais souhaité faire du mal à sa mère. Si elle le maltraitait, il devait sûrement lui avoir fait quelque chose de mal. Il avait de la pitié à regarder le visage de sa mère si terreux, si triste et tragique pourtant. Ayden ne la voyait jamais sourire.
* * *
Le bruit incessant des pioches contre les murs, les chariots raclant le sol relevant une fine couche de poussière. On était bien dans les infâmes mines appartenant à Castral Roc. Ayden apprit à détester l’or des Lannister travaillant des heures durant, tel un esclave, dans ces mines sans voir le soleil. Il avait huit ans quand il fut vendu par sa mère qui elle reçut quelques cerfs pour ce geste.
Riche comme un Lannister. « Mon œil » pensait alors Ayden qui travaillait quotidiennement à la fabrication de cette fortune en or. Il poussait des chariots et transportait des pierres, mais il triait aussi les simples roches de l’or qu’on désirait au plus haut point. Ayden était continuellement couvert de poussière, mais ne semblait jamais fléchir. Ce travail le renforçait. Il n’était plus le petit garçon chétif du passé que les cicatrices au fouet dans son dos, sur ses jambes et sur ses bras laissaient indiquer. Sa mère le punissait de cette manière durant sa jeune enfance. Quelques coups de fouet et c’était réglé selon elle. Ayden ne pouvait pas lui en vouloir toutefois. Il ne peut pas encore lui en vouloir même ni pour l’avoir vendu. C’est sa mère après tout et elle avait besoin d’argent. Il aurait voulu la rendre fière d’une autre manière, mais … Tant pis. Toutefois, quelque chose changerait sa vie à jamais.
Il avait 11 ans environ. Il faisait noir et tous les travailleurs de la mine devait aller dormir : certains seuls, d’autres en groupes dans de petites maisons au décor spartiate. Ayden dormait avec deux hommes qui aimaient se saouler et ronflaient énormément par la suite. Cette nuit-là, une fois de plus, il ne trouva pas le sommeil. Il alla donc marcher en forêt. Ayden n’avait pas peur loin de là. Il faisait souvent cela marcher en forêt. Il s’amusait de sentir l’air frais de la nuit contre son visage, la clarté de la lune entre les branches d’arbres. Sauf que cette nuit, des bandits se trouvaient aussi dans les parages et lui tombèrent dessus.
Aussitôt, il ne fit ni une ni deux, il prit ses jambes à son cou. Il ne savait pas combien ils étaient. Il crut en voir trois, mais ne prit pas le temps de les compter. Ayden sentit alors une flèche l’atteindre dans son dos qui le fit chanceler puis, tomber. Toutefois, il se retourna et grâce à l’adrénaline activant ses muscles, il repoussa son premier assaillant de côté. Il tenta alors de se lever … Cela lui prit deux fois pour … Tituber et recevoir le type par derrière qui tentait de s’emparer de sa bourse soit son maigre salaire pour le travail dans les mines. Malgré la douleur, Ayden eut le réflexe de donner un coup de poing par derrière dans un rugissement de colère. C’était au moment où un homme se mit entre lui et ses assaillants. Sur son vaillant destrier il tua les trois bandits leur coupant la tête. Abasourdi, Ayden ne put pas se réjouir longtemps. La douleur eut raison de lui. Il s’évanouit.
Soigné comme un Roi, pensait-il alors, dans une chambre de Castral Roc, sa vie changea du tout au tout. Il creusait pour trouver l’or des Lannister et il se retrouvait maintenant au cœur de leur pouvoir : enfin, dans une aile spécifique de la forteresse. Pour tout dire, le chevalier avait remarqué la vivacité à laquelle il avait réagis lors du combat avec les bandits. Il lui proposa d’entrer, à titre de recrue, dans l’armée Lannister. Soudainement, sa vie valait de l’or. Il acquiesça du chef heureux qu’on le complimente et encore plus heureux de pouvoir faire partie d’une des plus grandes armée de Westeros. Il ne saurait pas quoi faire d’autre pour tout dire. Devenir soldat ou retourner dans les mines ? Il prit l’opportunité qu'on lui proposait. Ayden se rappellerait toujours de l’attaque des bandits et non seulement pour la cicatrice que laissa la pointe de flèche entrée sous son omoplate gauche.
* * *
Ayden avait maintenant 16 ans. C’était un grand gaillard. Le petit garçon chétif de son enfance avait disparus pour toujours. Ses longs cheveux blonds très pâles lui valurent souvent le sobriquet de Targaryen bien malgré ses tentatives pour assurer à tous être originaire de Port Lannis. Ayden n’a jamais eu l’envie de revoir sa mère. À quoi bon, car sa seule vision lui faisait horreur. Le jeune homme ne faisait pas horreur à tout le monde toutefois.
Plusieurs filles travaillant à la cour et observaient ce beau soldat. Gênées, jalouses … On en avait que pour Ayden. Et il le méritait bien. Notre jeune homme se fut trouvé une expertise au tir à l’arc. Il avait une précision parfaite ce qui faisait rougir d’envie son maître d’arme et noircir le cœur de jalousie de ses frères d’armes. Oui, ses débuts dans l’armée furent rudes, mais encore Ayden se renforçait. Il ne serait probablement jamais excellent avec une épée. Certes, donnez-lui un cheval, un arc et il séparera les têtes de tous les ennemis sur ses devants.
Parfois, Ayden était de garde dans Castral Roc. Il lui arrivait même de croiser un Lannister. Ayden ne vit jamais Cerseï Lannister, reine des Sept couronnes, et Jamie Lannister, chevalier de la garde royale, mais il tomba souvent sur leur jeune frère. Ayden ne parla jamais à Tyrion. Ses souvenirs le ramenaient alors dans sa toute petite enfance lorsque les rumeurs disaient que Lady Joana décéda en donnant naissance à un monstre. Son imagination fertile d’enfant démontrait quelque chose d’énorme aux yeux globuleux et à la peau verte … En observant Tyrion, Ayden apprit alors de ne jamais se fier à ce qu’on raconte. Il fallait toujours vérifier par soi-même pour connaître la vérité. Cet homme était loin d’être un monstre. Il n’avait rien à voir avec les monstruosités de son enfance.
* * *
À 21 ans, Ayden était un véritable soldat dans l’armée Lannister. Commandant même d’une partie de l’armée grâce à sa détermination et son courage à se faire une place au fil des ans, il se devait d'aller souvent en mission de repérage autour de Castral Roc. Le Roi était mort depuis peu, apparemment tué par un sanglier … Certes, depuis s’être fait mentir sur le compte de Tyrion Lannister, Ayden ne prenait plus rien pour la vérité surtout que le Roi Robert Baratheon 1er fut un célèbre guerrier de la rébellion contre le Roi Aerys II. Certes, ce qui mit réellement le feu aux poudres fut la capture de Tyrion Lannister par Catelyn Stark. C’était une déclaration de guerre de la part des Stark. Jamais Ayden n’avait vu autant de va-et-vient dans la cour de Castral Roc. Il ressentait cette fébrilité jusqu’à l’intérieur de ses tripes. Il allait bientôt vivre sa première bataille.
Elle vint beaucoup trop vite à son goût même. Ils furent réveillés brusquement à l’aube. L’armée Stark fonçait droit sur le Trident où l’armée Lannister campait les attendant de pied ferme. Ce n’était pas ce qui fut prévu, mais Ayden obéis aboyant les ordres aux archers à sa charge tel un commandant devait le faire. Il n’avait vue pareille armée lui fondre dessus. C’était noir de gens, noir de Stark. Les tripes en compote, mais cela ne le figea pas longtemps pour autant. Bientôt, le ciel se couvrit d’un nuage de flèches. L’armée ripostait. La bataille fut d’une rare violence, il était fourbu et blessé mais … Ils perdirent. Oui, la bataille fut gagnée. Ce ne fut qu’une diversion toutefois. Le Roi du Nord, Robb Stark, s’en était allé directement à Vivesaigue où il captura Jaime Lannister. Ayden ne fit pas partie de ces futurs combats toutefois. Il eut à faire ailleurs et lentement, son point de vue sur la survie du fils Lannister s’effritait.
En mission de reconnaissance pour s’assurer d’où pourrait provenir les prochains combats, Ayden et 10 autres hommes, tombèrent sur la jeune Lady Iline Kayce et son escorte. Les Kayce étaient des vassaux Lannister. Ayden entendit des bruits, des cris. On attaquait la jeune fille. Sans faire ni une ni deux, il s’élança sans même donner d’ordre – malgré qu’on le suivrait les yeux fermés – vers le lieu de l’attaque. Une, deux, trois flèches tirées et trois hommes au sol. Et … C’était finit. Trois de ses hommes poursuivirent les deux bandits restant alors qu’Ayden s’agenouillait devant la jeune fille.
- Ma Lady. Les lieux ne sont plus sûrs dorénavant. Veuillez accepter me hommes et moi-même pour renforcer votre escorte.
Elle accepta. Ses yeux brillaient tels des diamants à Ayden. Si jeune, si belle. Tout le trajet jusqu’à la dite forteresse, Lady Iline avait les yeux rivés sur Ayden et … Il rougissait, souriait de manière niaise baissant les yeux avec gêne. Il finit même par entendre des blagues dans son dos de la part de ses hommes. Ayden les fit taire en quelques mots, mais ils continuaient à se moquer de lui. Ayden soupirait désespérément. Non mais, il n’avait aucun sentiment pour elle !
Lady Margot, la mère de la jeune fille, fut si soulagée de revoir cette dernière saine et sauve qu’elle fit de Ayden chevalier au service des Kayce et personnel d’Iline. Il accepta cet honneur avec humilité restant au service de la famille pendant un an entier et une partie de l’année suivante.
* * *
Ainsi, alors que le Nord finit par tomber et son Roi mort, Ayden resta auprès d’Iline dont il tomba littéralement amoureux. Ils se retrouvaient à la brunante dans les jardins du château. Elle lui racontait des histoires et lui … Il racontait qu’il n’avait jamais connu pur bonheur que celui-ci oubliant alors totalement son passé pauvre. Parfois, Ayden faisait des patrouilles autour du château énervé par ces incessants problèmes de bandits et de feux brûlant des champs. C’était une bonne stratégie, peut-être. Ayden n’apprécia jamais Gregor Clegane, dite la Montagne pour sa taille effroyable, celui qui dirigeait le Conflans au nom de la main du Roi, Lord Tywin Lannister. Ayden commençait à se trouver de nombreux points de vue différents avec ceux qu’ils devaient servir. Peut-être le sauvèrent-ils d’une pauvreté dans les mines, mais les paysans étaient innocents. Qu’allaient-ils manger l’hiver venu ? Et l’hiver toquait à aux portes. Il faisait plus froid maintenant.
Iline s’en rendit compte. Elle se rendait toujours compte des airs renfrognés que démontraient Ayden. Il était probablement incapable de mentir trop franc pour cela. Avouant tout, il eut l’envie d’aller défendre ces gens même si c’était se mettre à dos son seigneur et maître. Qui allait défendre ces pauvres gens ? Personne apparemment !
- Je reviendrais Iline. Je te le promets. Je reviendrais.
C’était laissant une jeune femme en larmes, mais qui comprenait néanmoins ce choix difficile, que le cavalier prit le chemin de la vie en solitaire.
Tous ceux qu’il aidait contre les bandits, à éteindre les feux, l’invitaient à manger et dormir sous leur toit. Ayden se fit une bonne réputation durant ces derniers mois. Il avait peur de ce dénommé Lord Dondarrion. Certes, s’il lui fallait l’affronter, il le ferait.
Ayant entendu que le Roi célébrerait son mariage prochainement, Ayden décida de se diriger vers Port-Réal. Là-bas, il demanderait, il implorerait qu’on vienne en aide aux paysans, au gens qui nourrissent et arment tous ces nobles. Ils avaient autant le droit à la vie qu’eux.
***
Jamais, il vit une ville aussi gigantesque que celle-ci. Pourtant, jamais il ne vit aussi une ville aussi dévastée. Il sentait une atmosphère de révolte chez les petites gens. Cela n'augurait rien de bon pour ses demandes si le Roi ne prenait même pas soin du peuple à Port-Réal même. Ayden n'avait guère entendu parlé de Joffrey autre qu'il était un garçon trop gâté. Elle est loin cette époque où les fiers Targaryen dirigeaient les Sept Couronnes.
Ayden se présenta pour le mariage sous l'égide de chevalier au service des Kayce et on le laissa passer automatiquement. Tout ce qui était Lannister semblait avoir la cote en somme. 77 plats ! C'était un peu trop non ? Enfin, le banquet du mariage n'était rien comparé à ce qui le troublait depuis un moment. Une jeune femme passa devant ses yeux. Une jeune femme semblant solitaire, forte au regard perçant. Il ne pouvait, tout simplement, plus l'oublier. Il en perdit cette détermination pour rechercher de l'aide auprès du Roi. Puis, ce dernier semblait être un mioche trop imbu de sa personne.
Le chevalier se maudissait de ne penser qu'à cette inconnue sachant que Lady Iline l'attendait et qu'elle était même un meilleur parti. Certes, Ayden ne pouvait surtout pas oublier cette lueur tragique dans les yeux de la jeune femme. Il lui fallait la retrouver même si cela signifiait fouiller toutes les chambres du Donjon Rouge pour se faire !