On va boire une coupe, ce soir...ou passeras tu encore cette nuitée avec monseigneur...à veiller sur lui?!

Devant les appartements du ser Baelish, dans les couloirs encore sombres du donjon rouge, la faible lumière de l'aube révèle la présence de deux silhouettes martiales. Deux individus armés et bottés. Un homme aux allures de soudard, et une jeune femme, fort belle amazone. Véritable déesse guerrière. Magnifique d'aspect, mais sans aucun doute farouche de caractère. Qui, en réaction à la demande (et remarque) de son congénère, darde vers lui des prunelles noires et flamboyantes. Pour ensuite tourner bien vite son regard, aussitôt apaisé, en direction des portes lui faisant face. Lourdes portes d'où s'échappaient une douce mélodie des plus plaisante. Doucereux petit air de lyre et de vièle agréablement favorable aux ouïes. Et qui fit apparaître un léger sourire entendu sur les lèvres roses de la donzelle. Dont les paupières recourbées de noir de jais s'abaissent sur des yeux quelque peu humides. Mélancolie intérieure s'éveillant au contact d'une mélopée inconnue mais ô combien évocatrice.

De sous les portes des filaments d'ombres filtrent progressivement, comme une matérialisation de la musique se faisant entendre. Ombres reflets des quelques artistes (inspirés) se produisant avec minutie dans l'antre de Littlefinger. Aussi concentrés et nerveux que devant un parterre de personnages couronnés. En l'occurrence, ici, face à un épais rideaux parsemé de petits volatiles. Ou, derrière, un sourd clapotis répond à l'air déchirant présentement joué. Une ombre, dans les ténèbres d'un bassin à l'eau stagnante. En l'esprit de l'éminent auditeur se forment de sinueuses arabesques...dessinant à la surface du receptacle le visage féminin de la veuve du seigneur loup. Une larme sanglante s'écoule et va s'écraser sur la figure aimée. Qui se trouble, et disparaît, pour faire place au faciès juvénile et hideux d'un atroce roitelet grotesque. Crispation, douleur, réveille. Une main fébrile fend le rideaux et précipite une bourse bien remplie aux pieds des musiciens.

Bien, mes bons sires, fort bien! Vous pouvez vaquer désormais, merci à vous!

L'un des saltimbanques se saisit sans tarder du précieux présent, puis fait admirer l'objet à ses camarades bien ravis. Ils s'éclipsent, leurs instruments sous les bras, joyeux, comme déjà enivrés par des boissons non encore ingurgitées. Derrière la porte, les deux gardiens laissent passer les visiteurs de leur maître, et se positionnent, côte à côte, dans une attitude fixe et figée. Pour une courte attente prenant fin avec l'apparition de ce damné Petyr. Couvert d'une longue et luxueuse tunique anthracite du meilleur goût. Le conseiller arbore un large sourire aimable et triomphant.

Ma chère, capitaine, c'est à nous!

Les deux gardes s'inclinent avant d'encadrer, de part et d'autre, Baelish, avançant à grands pas droit devant lui. Avançant en de larges couloirs sous le regard des quelques courtisans déjà éveillés. Regards curieux, craintifs, admiratifs ou haineux. De quoi faire ricaner en sa barbiche l'intéressé concerné. Celui ci avance, droit dans ses bottes, et ses yeux d'éperviers dans le lointain. Avisant une porte surveillée par la garde royale. Son but.

Ser Baelish répond à la convocation de sa majesté la Reine.

Déclame aux soldats la fière et redoutable Lenaah Peels. La protégée et seconde de Littlefinger. Qui la couve de son regard d'oie...tout comme le capitaine de sa garde...de sa féroce œillade de fauve avide. Des bêtes, des femmes, et des hommes...en la cour de Port Réal.
L'empire du mal (?)