Ce matin était aussi morne que les autres. Mon lit était froid, l'absence de Jaime pesant de plus en plus sur moi. Je sentais la peur parfois m'étrangler dans la nuit, comme des mains se refermant en un étau sur mon cou gracile. Et il s'annonçait de pis en pis, quand mon fils fit une esclandre au conseil. Il avait le regard fou ce matin tandis que le mien était marbré de cernes. Alors, nous l'avions renvoyé au lit sous prétexte qu'il était trop fatigué et avec l'assurance qu'il ne se réveille pas tout de suite grâce à quelques gouttes de vinsonge. Ainsi, en cette douce matinée je recevais certaines personnes, cette grappe d'irréductible auquel mon fils n'avait pas encore répondu et qui demandait audience tous les matins. Etre dans la lumière du roi, en voilà une belle grâce bien qu'une reine ne soit pas dénué d'aura pour autant. Surtout une reine qui est considérée comme la plus belle femme du royaume. Le héraut fit signe au quémandeur de rentrer dans la pièce. J'entendis une voix sèche répondre à mon serviteur, une légère grimace se contractant sur mon visage. Il n'a pas l'air très commode mon invité. Je repris une contenance alors qu'il entrait. L'homme qui se présenta à moi, est Ayden chevalier de la Maison Kayce.C'est curieux, Shaïra ne m'a jamais parlé de cet homme et il ne me dit rien. Il faudra que je lui en parle après, elle a certainement entendu quelque chose à propos de lui, de bien ou de mal d'ailleurs. Effectivement même si Shaïra a quitté le château familial depuis quelques temps déjà, elle n'ignore jamais ce qui s'y passe.

<< - Kayce, une famille très loyale à notre Maison et à notre royaume. Depuis quand êtes-vous à leur service ? >> demandai-je courtoisement.

Tandis qu'il se releva après s'être incliné comme il se doit devant toute personne appartenant à la royauté par les liens du sang ou celui des alliances. Il était ainsi venu pour un sujet concernant le royaume, peut-être au sujet de la guerre ? C'est un chevalier après tout, ils sont férus de ce sujet et de peu d'autre. Seulement, il souhaitait une audience avec mon fils, avec le Roi or mon fils  n'a que faire des exigences des tiers surtout quand il est en colère comme aujourd'hui. Je crains qu'il soit peu enclin à une discussion posée avec des réclamants qui n'obtiendront au final peu de chose, voir rien du tout. Malgré tout, je plaquai un sourire affable sur mon visage et dis :

<< - Le Roi est actuellement indisposé, il aurait aimé vous recevoir lui-même j'en suis certaine. >>

C'était sans doute une réponse hypocrite, mais c'est ce qu'attende tous les déclarants. Mais, il semblait être différent de ceux que mon fils ou moi-même recevons habituellement. Que peut-il bien vouloir ? Je devinais alors quelques cicatrices plutôt impressionnantes,  les avait-il obtenu lors de la guerre qui venait tout juste de s'achever ?

<< - Vous pouvez me parler en toute liberté comme vous parleriez au Roi, à moins que cette affaire qui concerne le royaume dans sa globalité ne soit pas si importante que cela. >> dis-je d'un ton toujours égal.

Lissant ma robe des mains, je m'apprêtai à me lever, pour donner l'ordre de faire entrer le demandeur suivant. Je n'allais pas passer toute la journée dans cette pièce à écouter leurs piailleries et demandes incessantes. Les caisses du royaume sont vides, je ne peux rien faire pour les désastres dont leurs terres ont été victimes, particulièrement pour les vassaux du Conflans qui nourrissent maintes ressentiment à notre propos. Quant aux plus riches, ils veulent simplement une place de pouvoir mais elles sont déjà prises par les Tyrell, ce dont je me passerai bien.