Horrible. Jamais Alla n’avait vécu une nuit si tourmentée et si vive en émotions et non des bonnes. Elle n’avait pas réussit à trouver le sommeil. Comment aurait-elle pu après ce qui s’était passé la veille au soir ? Ce Bal aurait du être magique, unique, amusant et inoubliable. Pour le coup, il le serait d’inoubliable, mais parce qu’il y avait eu tragédie, panique et peur. C’était si inattendue, si improbable… Ce n’était encore jamais arrivée à sa connaissance, jusqu’à hier. Alla n’avait jamais eu aussi peur de sa vie même après qu’elle fut mise en sécurité avec Margaery et les autres membres de la famille, Alla craint pour les invités et même les domestiques qui avaient travaillé si dur pour organiser cet événement. Beaucoup d’entre eux été au service de la famille depuis si longtemps… Cependant, la personne à laquelle Alla n’avait cessé de penser n’était autre que son ténébreux, charismatique et attentionné chevalier. Encore plus lorsque, quelques heures après ce qui s’était passé, elle avait apprit qu’il avait été blessé. Ce fut l’émotion de trop. Alla ne put le supporter et s’évanouit. Bien entendu, tout le monde de la famille cru que c’était à cause de tout ce qui venait de se passer et qu’elle avait besoin de repos. Comme eux tous. Ils devaient restés soudés tous ensemble.

L’aube se levait et Alla n’avait toujours pas eu la possibilité de pouvoir sortir de la pièce pour obtenir des nouvelles et allait voir Addam elle-même. C’était de la pure folie et extrêmement dangereux pour la Rose de se déplacer seule, mais il le fallait. Elle ne tenait plus à attendre et tourner en rond dans cette pièce. Elle devait le voir et être sûr qu’il allait bien. Elle pourrait peut-être même le soigner ! Car elle était certaine que les guérisseurs et médecins d’Hautjardin avaient du s’occuper d’abord de leur « gent », ceux qui leur prêté allégeance. Déterminée à agir, Alla profita que tout le monde était assoupi pour quitter la pièce et rejoindre sa chambre sans être vue. Elle fut rassurée de voir qu’il n’y avait pas de gardes devant les portes. Dès qu’elle fut dans ses appartements, Alla s’empressa de se rafraîchir, de se changer pour porter une robe beaucoup plus simple et non tâchée de vin ou de sang, prit un petit sac où elle y rangea tout ce qu’elle avait besoin pouvant soigner et enfila enfin une longue cape. Grâce à la capuche cachant son visage, elle espérait qu’on ne la reconnaisse pas.

Alla mit trop de temps à son goût pour rejoindre les appartements donnés à Addam Marphreux pour son séjour à Hautjardin. Il y avait beaucoup de gardes un peu partout et Alla du utiliser d’autres chemins, des détours et même des passages secrets pour passer inaperçue. Elle fut soulagée de voir qu’il n’y en avait pas juste en face de la porte. Alla frappa doucement, mais hésita à entrer. Elle n’était pas sûre d’avoir entendu de réponse, mais le fait d’entendre des bruits de pas dans le couloir, la fit oublier complètement les bonnes manières. Elle entra et ferma très vite la porte en espérant qu’elle n’avait pas alerté les gardes. Alla observa la pièce, mais n’y voyait absolument rien. C’était le noir complet. Il était peut-être entrain de dormir ? Alla n’imaginait pas que, peut-être, après ce qu’il venait de se passer, ce qu’elle était entrain de faire pouvait la mettre en danger, car Addam n’avait aucun moyen de savoir que c’était elle qui était entré et non pas quelqu’un de beaucoup plus dangereux. Ne le pensant pas le moins du monde, Alla s’avança doucement en faisant attention à ne pas se cogner, mais finit par s’arrêter et ôta sa capuche tout en essayant d’y voir un peu plus loin que le bout de son nez.

« …Addam ? » Osa-t-elle enfin chuchoter d’une voix interrogative, mais inquiète également. Et s’il voyait son visage se serait pire.

Un son métallique fit sursauter Alla, mais elle n’eut pas le temps de réfléchir ou de penser à quoi il s’agissait et d’où venait exactement le bruit, car on l’attira vers l’avant. La belle se retrouvant enveloppé dans une chaude et puissante étreinte. Elle aurait sûrement du se raidir ou être encore plus apeuré, mais ce fut loin d’être le cas. Addam. Il allait bien. La douce rose ferma les yeux quelques secondes se sentant enfin soulagée et plus rassurée. D’ailleurs, elle se serait bien blottit dans ses bras après ce tendre baiser sur ces cheveux si le chevalier n’avait pas rompu son étreinte pour aller s’occuper des bougies. Il allait forcément voir qu’elle rougissait et que son regard restait inquiet malgré son soulagement…

« Lady Alla... Que faites vous donc ici... Etes-vous saine et sauve ? »

« Ne vous en faites pas pour moi, je vais bien. C’est plutôt à moi de vous poser cette question. J’ai entendu dire que… »

Et là, la douce fleur pâlit et resta sans voix à la vue de la blessure d’Addam. Elle avait donc bien entendu et ça ne semblait pas être une petite égratignure non plus. Ce n’était pas non plus la première fois qu’elle voyait une plaie, après tout elle apprenait à être guérisseuse donc ça ne serait ni la première ni la dernière qu’elle verrait, mais elle ne s’était pas attendu à se sentir si oppressée et inquiète. Et ce sentiment ne s’arrangea pas lorsque les yeux d’Alla se posèrent sur le lit d’Addam et qu’elle vit une partie du drap ensanglanté. La belle devint aussi blanche que le linge encore intact.

« V… Vous avez perdu trop de sang… Vous ne devriez pas être debout. »

Sans discuter et sans s’attarder sur le fait qu’Addam était torse nu, Alla l’obligea –gentiment- à s’asseoir tandis qu’elle retirait sa cape, qu’elle posa sur le dos d’une chaise, pour ensuite venir s’asseoir à côté d’Addam tout en fouillant dans son sac pour en sortir plusieurs pots, flacons, bandages et autres ustensiles nécessaires aux soins. Elle savait que personne ne viendrait le soigner… Et si la plaie s’était infectée ? Et s’il avait de la fièvre ? Elle aurait du venir plus tôt, bon dieu !! Il n’aurait pas perdu autant de sang et souffert... Alla s’en voulu. Sentiment qui s’accentua encore plus en voyant ses propres mains trembler. Comment pouvait-elle espérait le soulager et le soigner de cette façon ?! Elle était vraisemblablement trop sensible et inquiète lorsqu’il s’agissait de son chevalier…

L’étreinte des mains du chevalier sur les siennes eut un effet apaisant sur la jeune Tyrell qui remarqua à peine qu’elle s’y était accrochée avec tendresse. Cependant, Alla ne pourrait le soigner si ses mains restaient dans les siennes et c’est peut-être pour cela qu’Addam finit par les libérer, même si se fut à contrecœur pour la petite rose.

« M'auriez-vous donc caché des talents de guérisseuse...? »

Alla ne retint pas un adorable et léger rire. S’il savait ! Elle avait bien des secrets : pas tous des petits et certains même qui la mettraient en danger si certaines oreilles venaient à l’apprendre. Le fait que la plus jeune des Tyrell débute depuis quelques temps dans le domaine de la guérison avait été soigneusement et jalousement gardé par sa famille. C’était un atout et ces derniers ne seraient point ravi s’ils apprenaient qu’elle venait de le révéler à un dévoué des Lannisters. Alla avait confiance en Addam, mais même si ça n’avait pas été le cas, elle n’aurait pu le laisser dans cet état.

« En quelque sorte oui. Jusqu’à aujourd’hui seul des Tyrell y ont eu droit. Pourriez-vous garder ce petit secret entre nous ? » Osa-t-elle timidement lui demander en relevant ses yeux noirs vers ceux d’Addam.

Le ferrait-il ? Il n’avait aucune raison de lui obéir et d’accepter une telle chose surtout qu’une telle information pourrait être utile à certaines personnes. Néanmoins, Alla n’était pas venue jusqu’ici pour craindre cela. N’attendant pas une réponse pour faire son travail, Alla commença tout de suite. Avant tout, il fallait désinfecter la plaie et vu l’état dans lequel elle était, ça n’allait pas être agréable, mais il le fallait pour éviter toute infection qui pourrait être fatale.

« Je dois désinfectée la plaie. Je vais y aller en douceur, mais il y a de fortes chances pour que ça ravive la douleur. » Lui expliqua-t-elle en imbibant un tissu propre de cuivre-roi qu’elle avait au préalable sortie de son kit de soin. «Veuillez m'en excuser, mais il n'y a pas d'autres moyens.

Dès qu’Addam fut prêt, Alla tapota en douceur la plaie. Elle fit de son mieux pour lui éviter la douleur tout en nettoyant parfaitement la plaie. Au bout de quelques minutes, Alla fut soulagée de constater qu’il n’y avait pas eu infection. Maintenant, elle allait pouvoir s’atteler à déposer un baume qui aide à la cicatrisation, mais ce ne pouvait être fait qu’à la main. Depuis le début, Alla s’efforçait de ne regarder que la plaie et non pas le torse d’Addam qui était plus que tentant pour son regard. Sauf qu’elle ne s’était pas attendue que poser délicatement ce baume sur la plaie, mais aussi autour la ferraient rougir à ce point. Le contact de ses fins doigts sur la peau d’Addam, même légèrement, avait un effet pas du tout sain pour son esprit qui luttait pour ne pas penser et encore moins laisser sa main vagabonder à explorer l’épaule, le bras, la main ou le torse au complet.

** Concentre-toi ! **

Plus facile à dire qu’à faire. Encore plus lorsqu’à ce moment, ses yeux rencontrèrent de nouveau ceux d’Addam (elle n’avait pas quitté la plaie des yeux depuis le début des soins) et qu’elle se rendit compte qu’ils étaient plus proches que jamais. Comment la douce rose pouvait-elle lui résister maintenant ? Elle ne pouvait pas…

Alla ne résista pas une seconde. Totalement hypnotisée par le regard de celui qu’elle considérait sentimentalement comme son chevalier, elle le laissa faire, ne lui interdisant rien et ne le repoussant pas une seule fois. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Il était tendre et délicat avec elle. Sa simple caresse sur sa joue accéléra les battements de cœur de la douce rose et lui fit perdre toute notion de ce qui les entourait. Il n’y avait plus qu’Addam et elle. Leurs visages si proches, leurs lèvres prêtent à s’embrasser, son souffle et un effleurement, à peine. Les lèvres d’Addam se détournèrent des siennes. S’il ne l’avait pas fait, Alla se serait légèrement avancée pour effleurer et embrasser Addam, n’ayant plus aucune résistance de son côté. Mais c’était trop tard.
A la seconde où il se détourna, Alla ferma les yeux pour tenter de récupérer une contenance disparue et empêcher ses propres sentiments de se dévoiler encore plus, mais surtout parce qu’une légère brise d’espoir venait de s’évaporer aussi vite qu’elle était apparue. Son cœur, battant encore à tout rompre, s’était attendu à un baiser sur ses lèvres. Elle l’avait espéré, rêvé et eut envie. Et si elle n’avait pas était elle-même, Alla aurait certainement offert se baiser tant attendu et désiré. La douce rose n’en fit rien. Elle resta à sa place, le bout de ses doigts quittant doucement la peau d’Addam.

« Veuillez me pardonner, Lady Alla. Il semblerait que la présence d'une aussi belle rose ai eu raison de ma résistance un instant... »  

N’était-ce que cela ? Aurait-il réagit de la même manière avec une autre rose ? Auparavant, Alla aurait doutée, mais plus aujourd’hui. Elle était flattée et la voix d’Addam, plus que ces mots, emballa encore plus le cœur de la jeune fille. Comment ne pas l’être après ce qu’ils venaient de vivre, leurs précédentes rencontres et ce nouvel aveu ? Il lui accordait un pouvoir qu’Alla ne pensait toujours pas posséder, puisqu’elle avait toujours autant de mal à croire qu’un homme si irrésistible en tout point –pour elle- puisse succomber à un simple bourgeon comme elle. Sa jeunesse et sa timidité voilaient ses yeux. Elle était loin de se voir comme les autres la voyaient, mais elle n’était pas pour autant aveugle et dénué de sens. Ces derniers étaient sans-dessus-dessous et c’était à cause de lui, d’eux. Il y avait quelque chose, sinon pourquoi avaient-ils tant de mal à se résister ? Elle-même peinait à recouvrir ses esprits ainsi qu’une respiration stable comme le laisser sous-entendre sa petite voix.

« Alla. » Souffla-t-elle tant bien que mal.

Si leurs regards se recroisaient, Alla ne tiendrait pas. Puis ce n’était pas en énonçant son propre prénom qu’il allait comprendre ce qu’elle voulait dire, mais c’était le seul mot qu’elle avait pu prononcer. Pour se reprendre totalement, Alla n’eu d’autre choix que de se replonger dans son travail. Elle se détourna alors du visage d’Addam et fouilla dans ses affaires pour en ressortir un pansement et le nécessaire qui servirait à couvrir et définitivement terminer son travail de soin. En même temps, Alla reprit la parole d’une voix moins altérée par les émotions.

« Vous n’avez pas à vous faire pardonner, mais si vous considérez que cela est nécessaire… Appelez-moi Alla. »

Alla ne pouvait pas lui laisser entendre qu’elle n’avait pas apprécié et qu’elle avait trouvé cela inconvenant alors qu’elle venait le soigner. Du tout. C’était même tout le contraire puisqu’elle avait désiré (et désirait toujours, ça ne s’atténue pas si vite xD) plus, mais ça, elle n’était pas prête à l’avouer de vive voix. Ses mouvements et ses réactions la trahissaient suffisamment.
Sans ajouter un mot de plus, Alla reprit ses soins pour recouvrir la plaie d’Addam, mais cette fois-ci, elle veilla à ne pas recroiser son regard tant qu’elle n’aurait pas terminé. Quand se fut le cas, elle s’accorda enfin un sourire, rassurée et soulagée de l’état d’Addam.

« C’est beaucoup mieux ainsi. Il faudra que vous changiez le pansement chaque matin ou soir pendant encore trois ou quatre jours en y ajoutant du baume et vous reposez également. »

Alla s’interrompit à cet instant, en réalisant que ce dernier point n’allait peut-être pas être possible à cause de l’attaque de la veille. Elle ignorait s’ils restaient encore quelques jours ou s’ils repartaient tous demain ou même aujourd’hui pour Port Réal. S’il restait, elle pourrait se charger des soins, toujours en restant discrète bien sûr, mais s’il partait… Elle ne pu s’en empêcher.

« Je sais que cela ne me concerne pas, mais… Avez-vous pour ordre de quitter Hautjardin… Immédiatement ? » Demanda-t-elle d’une voix emprunte d’inquiétude, sa tête légèrement baissée et ses yeux noirs rivés vers le visage d’Addam.

Tout s’était passé si vite… Alla ignorait si, tant les Lannisters que les Tyrell, avaient désormais connaissance de l’identité des attaquants et, par conséquent, de la marche à suivre.

Sa crainte se réalisa. Alla le comprit tout de suite en voyant le changement d’expression d’Addam et lorsqu’il annonça que son départ avait lieu cette après-midi, Alla en eu presque le souffle coupé. Son légendaire maintien se raidit incontestablement tandis que ses petites mains froissaient discrètement les pans de sa robe pour que son visage n’exprime qu’un « Je comprends » au lieu d’un ton de panique. Pour sa santé, elle aurait préféré qu’il puisse encore rester un ou deux jours au repos, mais les circonstances ne le permettaient pas et elle s’en était douté. Si les rôles avaient été inversés, sa famille aurait agi de la même façon, peut-être même avec plus d’empressement. Elle comprenait donc très bien, malgré qu’à l’heure actuelle, elle le vivait assez mal.

« Vous serez bien plus heureuse et en sécurité ici... Alla. »

Alla répondit à son tour avec un sourire sans joie avec une pointe de douceur grâce à son simple geste qui, une fois de plus, toucha et attendrie la petite rose. Elle songea alors qu’il n’avait qu’à moitié raison. Il est vrai qu’elle serait plus en sécurité ici et aux côtés de sa famille, mais plus heureuse… Pas entièrement, puisqu’il ne serait plus là.

« Nos chemins se croiseront de nouveau. M'écrirez-vous, jusqu'à ce que nous soyons réunis ? »

Une petite lueur apparu dans le regard d’Alla alors qu’elle posait un regard incrédule vers Addam. Il proposait une correspondance entre eux deux ? Officiel ou intime ? Elle hésita, comme si elle craignait d’avoir mal compris et interprétés ces propos. Pourtant la voix sûre et le regard d’Addam ne permettaient aucun doute possible. Courtois et intime. Qu’eux deux. Comprenant l’importance et la signification, tant des mots que de cet acte futur, une étrange, douce et agréable chaleur emplie le cœur de la petite rose.

« J’en serais ravie. Ce sera une nouvelle première. »

En effet, Alla n’avait jamais écrit à un homme qui n’était pas un membre de sa famille, mais depuis qu’ils se connaissaient, Addam était une exception et dérogeait toutes les règles les unes après les autres. Ce qui était loin de lui déplaire, puisqu’elle le lui permettait. Et si la situation ne devenait pas si compliquée et tendue heure après heure, Alla aurait probablement rit ou exprimé un peu plus de joie à cette proposition. Néanmoins, elle ne pouvait pas omettre ce que signifiait une correspondance : une longue distance. Pas que pour eux, mais pour le Roi et la Reine également, car même s’il n’y avait peut-être pas encore de l’amour entre eux, Alla connaissait que trop bien sa cousine et elle savait pertinemment qu’elle ne laisserait pas sa place refroidir trop longtemps. Une absence prolongée, surtout après un tel incident, risquerait trop ces intérêts. Une reine se devait d’être aussi présente que son roi.

« Le Roi ne peut être séparé de sa Reine très longtemps. Nous ne tarderons pas… »  

Le disait-elle pour rassurer Addam ou plutôt elle-même ? Elle ne bernait personne avec son sourire ce voulant rassurant alors que ses yeux étaient amplis de tristesse et d’inquiétude. L’attente serait bien longue. Alla savait pertinemment qu’il fallait environ un mois pour parcourir les terres entre HautJardin et Port Réal et elle ignorait combien de temps les Tyrell resterait chez eux. Peu importait, car de toute façon, ces jours allaient augmenter encore plus la durée et la pénibilité de cette séparation, même si les lettres seront plus que bienvenues.

Alla ne le verrait pas d’ici un mois et demi ou même 2 mois et ils allaient devoir se dire adieu maintenant, puisqu’elle doutait de pouvoir le revoir avant son départ. De nature sensible et récemment émotive, notamment à cause des derniers événements, Alla sentie sa gorge tiraillée par une soudaine angoisse et des larmes lui montaient aux yeux. Elle devait lui dire au revoir et ne pouvait pas se contenter d’un simple sourire, d’un accord ou d’un regard entendu. Pas cette fois. Sans prévenir et ne voulant pas non plus qu’Addam remarque sa montée de larmes, Alla l’étreignit, son visage dissimulait au creux de son cou, mais du côté qui n’était pas blessé, elle faisait attention tout de même. Néanmoins, ce ne pouvait être plus clair que de l’eau de roche : cette étreinte n’avait rien d’une étreinte amicale. La fragile petite rose allait avoir beaucoup de mal à le relâcher et à reprendre sur elle. Elle avait déjà dépassé cette dernière limite, laissant sa jeunesse et ses sentiments l’emportés.

Au contact des bras d’Addam l’enveloppant, Alla ferma les yeux, retenant silencieusement la montée d’émotions. Son angoisse s’apaisa au fur et à mesure qu’Addam lui caressait les cheveux. Elle n’aurait jamais pensé qu’un geste aussi simple puisse la calmer et la rassurer à ce point. Ainsi, Alla avait le sentiment d’être hors du temps, protégée et loin de tous les soucis. Seulement pour quelques minutes comme le lui rappelait les plates vérités énoncées par Addam. Ils allaient encore plus s’en rendre compte et le ressentir les prochains jours. Et dire qu’ils choisissaient ce moment pour s’enticher l’un de l’autre… Enfin, on ne prévoit ni quand ni de qui on tombe amoureux.

« ... Votre absence va finir par être remarquée... Alla. Je pense qu'il est temps de nous souhaiter une bonne continuation. »

Redoutant cet instant –malgré qu’elle esquisse un sourire en l’entendant pour la première fois l’appelée que par son prénom-, Alla resserra son étreinte, ses lèvres effleurant le cou d’Addam. A peine avait-elle goûté de nouveau à cette étreinte qu’elle devait déjà prendre fin. Il avait raison et pour leur sécurité à tous les deux, il était effectivement plus prudent et sage pour la rose de refaire surface auprès des siens. Malgré son envie irrépressible de rester plus longtemps blottie dans les bras d’Addam, Alla finit par lâcher son emprise et s’écarta doucement, mais ne s’éloigna pas. Leurs visages étaient de nouveau à quelques centimètres l’un de l’autre. Elle avait juste besoin de le regarder une dernière fois comme si elle craignait de ne pas se souvenir de ces traits pendant leur absence. Naturellement, elle caressa la joue d’Addam avant d’y déposer un tendre baiser et de susurrer quelques mots.

« Soyez prudent et reposez-vous quand vous le pourrez. Vous en avez besoin pour une parfaite guérison. »

Ne pouvant pas le lui ordonner, Alla le conseillait. Il aurait été préférable qu’il reste au moins une journée entière au repos, mais cela était impossible et Alla commença à s’inquiétait du trajet qu’ils allaient devoir parcourir. Ce dernier est normalement sûr, sauf si les attaquants de la veille n’avaient pas été capturé ou tué, qu’est-ce qui les empêcherait de réitéré une attaque pendant le trajet ? Rien… Alla espérait que tout se passe au mieux et pour cela, elle devait quitter son chevalier maintenant. Elle s’éloigna définitivement de lui pour reprendre ses affaires, en lui laissant le baume et quelques pansements. Elle doutait fort qu’il en aurait durant le trajet, donc en le lui donnant, il n’avait plus de raisons de ne pas s’occuper correctement de sa blessure. Alla se dit qu’elle serait même capable de vérifier l’état de la plaie à son retour à Port Réal, ce qui décocha un petit sourire à la douce rose. Un dernier regard vers Addam, un léger à bientôt et la plus jeune des roses quitta les appartements d’Addam le plus discrètement possible pour ne pas se faire remarquer.

Néanmoins, après quelques dédales dans les couloirs, Alla du s’arrêter pour essuyer les larmes qui coulaient sur ses joues. Tout retombait et elle savait que les prochains jours allaient être emprunt de tension, complications et pesants. C’est à ce moment que choisit Megga pour apparaître au bout du couloir.

« Te voilà! Où étais-tu passée ? On te cherche depuis… Alla ? » Voyant les yeux rougis de sa cousine, Megga s’empressa de la rejoindre, inquiète. « Ça ne va pas? Tu pleu...? »

Alla ne la laissa pas terminer, secouant déjà négativement sa tête. Elle ne pouvait pas raconter la vérité à Megga. Elle adorait sa cousine, mais elle ne savait pas garder un secret. Et puis c’était trop tôt.

« Je vais bien, ne t’inquiète pas. C’est juste qu’après tout ce qui s’est passé… » Elle ne mentait pas pour le coup. « Je suis juste partie me rafraîchir et me changer. Je vois que tu as fait de même. »

Autant faire dériver tout de suite la conversation et cela fonctionna puisque Megga n’insista pas, même si elle garda Alla dans ses bras et elles partirent ensemble rejoindre le reste de la famille. Il y avait beaucoup à discuter : les événements de la veille, le présent ainsi que de la marche à suivre pour les jours à venir.