Une histoire de glace et de feu

Voici mon histoire  

Mon histoire, vous la connaissez tous. La fille du traître Ned Stark, qui était censée se marier avec Joeffrey, et qui est maintenant la femme du gnome. Mais c'est un peu plus compliqué et douloureux que cela.

Tout d'abord, il faut savoir que depuis le début, j'ai été d'une naïveté plus que désespérante. Comment me blâmer, après tout, n'étais-je pas alors qu'une enfant ?

Dès que j'ai su lire, je me suis immédiatement plongée dans ces contes de princes et de princesses, que l'on sert aux petites filles qui songent ainsi à une existence qu'elles n'auront certainement jamais. Depuis mon plus jeune âge, je rêvais ma vie comme une de ces histoires. Je me suis donc appliquée à devenir une véritable dame, je voulais devenir parfaite. Je me suis toujours plu à apprendre les bonnes manières, comment danser, me coiffer, coudre, chanter, ...

Rapidement, j'ai excellé dans tous ces domaines, contrairement à ma sœur, Arya, qui préférait courir dans les champs et se battre plutôt que devenir une femme distinguée. Cela m'exaspérait au plus haut point, je ne la comprenais pas. Comment une la fille cadette du seigneur de Winterfell, pouvait-elle fricoter de la sorte avec ces ... jeunes paysans ? Je l'ai méprisée autant que ces misérables gens. Aujourd'hui, je regrette. Je donnerais n'importe quoi pour la revoir, je suis persuadée qu'elle est encore vivante. Arya pourrait résister à n'importe quoi.

Cependant, on ne m'a jamais enseigné que les contes de princesses avaient une face cachée aussi cruelle, impitoyable. Ainsi, j'étais réellement déterminée à vivre une merveilleuse histoire d'amour, à me marier avec un merveilleux prince, et devenir la Reine de ce merveilleux royaume. Ce que j'ai pu être naïve, vraiment.

Mes premiers échanges avec le prince Joeffrey furent tout ce à quoi je m'attendais : romantisme, magie ... Ma vie ressemblait enfin à un de ces contes, en plus coloré, et en plus réel. Sauf que cette réalité était on ne peut plus erronée. Quand le roi Robert fut décédé, mon père a été déclaré coupable de traîtrise. Même à ce moment là je ne réalisais pas encore que j'allais plonger dans un cauchemar éternel et sanglant. J'ai imploré la pitié de mon fiancé, je l'ai imploré d'empêcher cette mise à mort. Il a écouté mes supplications, ou du moins a semblé les écouter, et m'a promis de se montrer clément.

C'est quand il a prononcé les mots "Ser Ilyn, apportez moi sa tête", et que j'ai vu cette même tête séparée du corps de mon père, que mon être s'est littéralement brisé en un milliard de fragments sanguinolents. Tout ce en quoi je croyais venait de s'effondrer, et moi avec. Mon père n'était plus. Et celui que je pensais devenir mon prince n'était rien de mieux qu'un tortionnaire, qui allait hanter les plus sombres de mes nuits.

La jeune Sansa Stark de Winterfell, qui rêvait de contes de fées, n'était plus. Une chose brisée, voilà ce que je suis devenue. Joeffrey se complaisait dans sa cruauté, il m'a torturée, humiliée, sans se douter une seule seconde qu'il ne m'avait jamais fait plus de mal que le jour où il a ordonné la mort de mon père. J'ai fini par m'arrêter de pleurer, faute de larmes, et surtout, faute de force. La douleur avait été telle que je ne ressentais plus rien, j'étais comme ... éteinte.

Les sévices que me faisait subir le jeune et cruel Lannister, tant physiques que psychologiques, finirent par n'avoir plus aucun effet sur mon être. Je ressentais un vide immense, un vide empli de ténèbres, un vide impossible à combler ; j'aurais aussi bien pu être morte, je suppose. J'ai fini par perdre ma foi également, quelques soient les supplications que j'adressais aux Dieux, ceux-ci se montraient aussi insensibles que Joeffrey. Ce dernier avait fait de ma vie un enfer, et rien ne semblait pouvoir me sortir de là, même les Sept avaient renoncé.

Je m'étais résignée à devenir une reine, peut-être accablée, mais je m'efforcerais au moins d'être aussi digne que la reine Cersei. Mon avenir me semblait pire encore que mon passé et mon présent, mais je m'y étais faite. Par la suite, Lord Baelish vint me parler. Je savais qu'il avait aimé ma mère, et, instinctivement, je lui fis confiance. Il me proposait de partir avec lui, de fuir cet enfer. J'étais bien tentée d'accepter, il me faut l'admettre mais j'étais également effrayée. Et puis, vint ce jour, après la bataille de la Néra : Margaery fut promise à Jeoffrey, à ma place. Je ne ressentis aucune jalousie à son égard, bien entendu. Seulement une reconnaissance infinie ainsi qu'une compassion fort considérable. J'étais heureuse pour moi, et désolée pour elle. Ce que j'avais vécu, elle allait certainement le vivre également ...

Cependant, la jolie Tyrell ne s'est jamais départie de son sourire, et a toujours été bonne avec moi. Elle me parlait comme une amie proche et ... J'avoue la considérer ainsi. Son sourire était lumineux, et nos entrevues telles de brèves haltes dans un havre empli de fleurs et de soleil.

Je me suis remise à rêver quand elle m'a parlé du mariage entre son frère Loras et moi. Loras était, tout comme elle, quelqu'un à la fois doux et séduisant. Il ne pourrait pas être pire que Joeffrey, il m'aimerait et nous serions peut-être un couple épanoui ... ?

Ce songe disparu aussi rapidement qu'il était apparu. Les Lannister, non contents de m'avoir fait subir les pires supplices avec Joeffrey, avaient décidé afin, peut-être,  de m'humilier un peu plus, de me marier au gnome. Je ne le connaissais pas, ne lui avais presque jamais parlé. Il m'avait défendue à plusieurs reprises, certes, c'était d'ailleurs le seul à avoir osé s'opposer au roi mais ... La plupart des choses que je savais de lui, c'étaient les rumeurs qui courraient à son sujet : selon ces murmures, il était vicieux, pervers, débauché et alcoolique. Mais d'après ce que j'ai pu constaté, si une seule de ces rumeurs était fondée, c'était bien celle qui le disait épris de la boisson.

J'ai rapidement compris que cela n'était une occasion de plus, de nous tourner, lui et moi, en dérision, pour le roi Joeffrey. Rapidement, en plus d'être devenu mon mari, Lord Tyrion est devenu mon allié. Il s'est montré plus bienveillant envers moi que personne - hormis peut-être Lord Baelish -, ne l'avait été jusque là. Il ne m'a pas forcée, ne m'a pas violentée, il s'est simplement appliqué à être d'agréable compagnie, ainsi qu'à ne pas me faire souffrir plus encore. Assurément, je ne suis pas amoureuse de lui, et j'avoue avoir du mal à m'imaginer portant ses enfants, mais je pense que je peux affirmer qu'il est l'une des meilleures choses qui me soit arrivées jusque là.